Les dernières tempêtes ont ensablé la route qui longe la digue. Les pneus crissent, je dérape. Quelle idée saugrenue de vouloir « passer par la plage » chaque fois que je reviens à la maison. A croire que la mer m’abandonnerait si…
La lumière opale de février, joue à cache-cache entre les rangées de chalets. Les côtes anglaises baignent dans une lueur orangée, annonciatrice de pluie. Je regarde partir le ferry de dix-sept heures…
En arrêtant le moteur, je repense à ce lointain rendez-vous d’automne. Il faisait si froid ce jour-là…
La force du vent me surprend un peu, des milliers d’aiguilles tourbillonnantes me piquent au visage. Mon sang se gèle instantanément, je sens ma mâchoire se paralyser. J’ai mal aux oreilles…Mais, le dos courbé, j’avance à grands pas vers la mer, il y a si longtemps que je ne l’ai pas saluée de près…
-« Bonjour ! »
Cette petite voix fluette…je la connais.
« Tu m’aides à faire mon château ? »
Ainsi elle est revenue, la petite fille aux longs cheveux blonds. Seule, comme toujours. Elle est là, accroupie les pieds nus dans le sable mouillé, ses petites mains rougies tentant désespérément de bâtir une forteresse, envers et contre tout….
-« Bonjour toi, que fais-tu ici ? Tu devrais être au chaud...
– Oui, mais je savais que tu passerais aujourd’hui
– L’été est bien loin, fillette. Le temps des châteaux de sable est passé…
– Il n’y a pas de saison pour construire un château…
– Les châteaux de sable sont éphémères, tu le sais bien. Rappelle-toi, l’été dernier… »
Son regard bleu délavé m’accuse soudain. Comment lui faire comprendre que ses rêves ne sont pas réalité ? Comment lui dire que je ne crois plus aux châteaux et aux bals des princesses ? Comment lui dire….
-« Tu sais, je devine ta pensée. Mais je crois que tu te trompes.
– Vraiment ?
– Oui. Toi tu vis sur ta planète imaginaire, parmi les zombies masqués…Moi je suis vraie ! «
Une petite fille apparaît quand bon lui semble, ose me défier, ose me démasquer…Son apparente fragilité n’est qu’une impression, elle est bien plus forte que moi. C’est insupportable.
Sa pauvre ébauche de château fait peine à voir, mais elle s’acharne tellement ! Le vent accentue sa force, le soir tombe et la marée monte…Il faut se dépêcher de bâtir, avant qu’il soit trop tard…
-« Madame ! Madame ! Réveillez-vous ! »
Les murs blancs de la salle de réanimation m’agressent quelques secondes…Où est la mer ?
Serait-ce la petite fille que tu portes en toi et qui rêve envers et contre tout de châteaux en Espagne! Bonne semaine à toi.
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Je crois bien que oui ! Merci de ta visite et bonne semaine à toi également.
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Difficile d’en rajouter, tout a été dit. J’aime beaucoup ce texte. Merci de m’avoir emmenée sur la plage, cela faisait si longtemps…
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Peut-être que dans les moments les plus difficiles (en général quand on se trouve dans une salle de réanimation c’est le cas) on retrouve la petite fille que l’on a été car elle est probablement notre vrai moi que la vie d’adulte nous a fait perdre. Cette plage avec l’Angleterre en face et les ferries me donne envie comme Jonas de lui rendre une petite visite. Bisous
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Mon psy n’aurait pas mieux dit ! 🙂
Et bien sûr, je dirai à la plage, à l’Angleterre et aux ferries que tu penses à eux…
Bisous
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une petite fille me souffle à l’oreille qu’elle irait bien faire des chateaux elle aussi :))
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Hé hé ! comme je te comprends !
Bisous
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Elle reste toujours au fond de nous, la petite fille qui lutte contre le réel… si fragile petite fille, si nécessaire compagne pourtant.
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Oui, et je crois que nous devrions l’écouter plus souvent…
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toi aussi tu as rencontré ton petit prince
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En l’occurence, une petite princesse !
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Bonjour Louv’ !
La petite fille m’avait manqué, et à toi aussi sans doute… Ce petit ange gardien te sauve la vie, la reverrons-nous ?
Y aura-t-il une suite ?
Bises, belle journée à toi !
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Nous la reverrons sans doute, au hasard d’un chemin ou d’un autre…
Belle journée Naïs, bises
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J’ai très envie de voir la mer, surtout l’opale de février. Peut-être y rencontrerais-je la « petite Louv' » des châteaux de sable en grande conversation avec la princesse d’Opalie. Et si on repeignait les murs de la réa en bleu ciel ? Bises.
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Les murs en bleu ciel ? Pourquoi pas ? Quant à la « petite Louv' » et ses châteaux de sable…je crois bien qu’elle serait ravie de te rencontrer!
Bises.
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bonjour Louv’
Et si cette petite fille etait une fée? ou simplement ton ange gardien?
elle vient quand elle se sait mal, te bouscule pour te faire agir et réagir différement., te parle d’être vraie., car elle a deviné que tu joues. avec ton coeur. Alors suis ton instinct, toujours ta première idée.
Et sois Vraie.
bisous tout plein
celie
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Petite fée ou ange gardien, peu importe, elle est toujours là quand il faut..
Bisous tout plein.
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Tres touchant,et surtout tres tres bien écrit..Tu as beaucoup d’imagination..Tres bon dimanche,Jean-Pierre
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Merci JP pour ton appréciation. Et bon lundi 🙂
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Cette petite fille, ce double, garde-le précieusement au fond de toi, j’ai l’intuition qu’elle te protège.
Comme j’ai envie soudain de me promener sur les belle plages d’opale…
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Je pense qu’elle est toujours au fond de moi.
Viens te promener quand tu veux, Mony !
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Il faut sauver les chateaux en Espagne, il faut sauver les rêves de chateaux en Espagne, il faut sauver l’illusion des rêves de chateaux en Espagne…Heureuxement tu es là chère Louv’. Bises Dan
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J’aime bien ton commentaire et je suis complètement d’accord avec toi.
Merci Dan, bises.
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Onirique ?
Un château de sable en Espagne, le retour à la réalité – réanimation ? La petite fille est vraie. Toujours. Envers et contre tous …et si…
Bonsoir Louv’ .
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Et si…en refusant de grandir, elle réalisait ses rêves ?
Belle journée, Nathanaël.
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