Quelques notes aigües du muezzin résonnent encore dans le lointain. La lumière rougeâtre de fin d’après-midi colore la pierre millénaire comme si tout le sang versé coulait à l’intérieur. C’est doux, c’est chaud.
La rue pavée de marbre blanc s’allonge à perte de vue, bordée de ses colonnes et de ses statues décapitées. Une colonie de chats errants, gardienne du passé, y joue à cache-cache. A mes pieds, les petits ventres dodus s’offrent à la caresse.
Une brise tiède s’est levée, parfumée de thym sauvage et de safran. Les femmes s’affairent aux cuisines pendant qu’autour d’une table basse, les hommes s’enivrent et rient trop fort. Des enfants jouent à la marelle devant le portique de l’atrium. La cité s’éveille au soir naissant sous le regard protecteur d’Artémis.
L’eau du bain commence à refroidir ; j’écarte les servantes qui s’éparpillent discrètement. Seule ma fidèle Damara est autorisée à rester. Ses mains expertes enduites d’un onguent de sa composition, me massent longuement. Mon corps tout entier lui manifeste sa reconnaissance.
Mais le temps presse. Il me faut encore choisir la plus jolie tunique, le parfum le plus envoûtant, les bijoux les plus précieux. Rien n’est assez beau pour l’accueillir.
Tout est prêt maintenant. Sur les murs de la chambre vacillent les lueurs des lampes et les encens brûlent dans les coupelles. Le vin est servi, les figues et les grenades disposées sur les plateaux, autour de ma couche.
De la rue principale me parvient la voix chaude de Jason, mêlée au son délicat d’une lyre. La nuit sera belle…
« Photo, madame, please ? »
Mon Perfecto de cuir me tient trop chaud, j’ai mal aux pieds. Qui est donc cet homme qui gesticule et cet autre qui parle devant un attroupement ?
Les ombres entre parenthèse se sont évanouies ; ne restent que les chats…
Ephèse s’est rendormie.
je ne suis jamais allé à Ephèse. Joli texte « orientalisant ».
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Voilà une attachante fantaisie. Qui ne rêve parmi les ruines envoûtantes d’Ephèse a fait le déplacement pour rien. Je me souviens de ces pierres blanches empilées, de ces logis défaits, de la chaleur qui dévore tout. J’ai croisé Damara. Merci pour ces moments du passé.
Jonas
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Merci pour cette belle et sensuelle parenthèse qui me réchauffe… Si bel amour, mais quand même, mieux valait sans doute être tiré de sa rêverie avant que ça ne dérape, et admirer les chats en fredonnant du Vian « La vie vaut-elle d’être vécue? L’amour vaut-il d’être cocu? Je pose ces deux questions auquel personne ne répond. »
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N’en déplaise à Boris, je réponds oui aux deux questions. Ca ne m’empêche pas d’admirer les chats 🙂
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Double parenthèse pour moi qui n’ai jamais foulé le sol de ces régions.
Un moment de chaleur dans le froid ambiant n’est pas pour me déplaire.
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Rude était la chute à l’atterrissage. Bruxelles ma belle, comme tu étais froide pour m’accueillir !
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Le Chat règne dans le temple.Ses couleurs sont en parfaite harmonie….Bises et bon week end,Jean-Pierre
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Je trouve que les chats sont partout en parfaite harmonie, et de tous temps.
A bientôt Jean-Pierre.
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Tu as tout pour entrer dans la peau d’une déesse antique, prestance et raffinement. Bises Dan
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Je rougis 🙂 Même si c’est très exagéré, merci pour le compliment, Dan.
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Une Médée d’aujourd’hui. On en rencontre, en effet, des Médée, dans certains faits divers. Je trouve que ce personnage est l’un des plus dérangeants de la mythologie. Tu as choisi de voir en elle l’amoureuse…
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Il y a une amoureuse qui sommeille en chaque femme, humaine ou déesse…
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Un voyage dans le temps… certains lieux ont gardé ce pouvoir d’ouvrir les portes de l’imaginaire. Comme il est bon de s’immerger ainsi et surtout de prêter son corps à des mains expertes en massage !
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Ephèse est l’un de ces lieux. En m’y promenant, j’ai réellement eu la sensation de présences. Quant aux mains expertes, oui je suis bien d’accord avec toi 🙂
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