D’avril en avril, elle était toujours là. Depuis la dernière fois elle avait grandi mais je la reconnus immédiatement. La même apparence fragile, les mêmes gestes, précis, la même solitude.
Le profil de son visage s’était allongé et son petit menton pointu lui donnait l’air plus déterminé que jamais. Je ne pouvais voir ses yeux, cachés par une frange blonde trop longue.
Les pieds nus dans le sable mouillé, les mains rougies par le froid, sa robe légère collée au corps par le vent du nord, elle bâtissait…Faisant fi des éléments défavorables, elle s’évertuait à monter des tours, creuser des douves, cranter des remparts…Contre vents et marées, elle n’avait donc pas renoncé.
Cette fois-ci, je ne l’interrompis pas dans sa besogne. Je ne lui dis pas que le bal des princesses n’aurait pas lieu. Je ne lui dis pas que la marée montante détruirait son château éphémère, encore et toujours. Je me contentais de l’observer de loin, sans broncher.
Ayant mis pied à terre, je m’étais assise au creux de la dune. A l’abri des oyats, elle ne pouvait détecter ma présence. Seule l’imposante silhouette noire de Sirocco aurait pu l’intriguer, mais elle ne semblait pas y avoir prêté attention.
Je songeai à notre première rencontre, à tout ce temps passé. Les choses n’avaient pas changé. Elle et moi avions toujours en nous ce même désir d’absolu, cette même impossible quête d’un éternel avril…
La mer avançait inexorablement. Déjà l’eau coulait dans les douves et menaçait les remparts. Elle tenta de colmater les brèches, comme à chaque fois, et s’empressa de consolider la fragile bâtisse avec des coquillages. Au large, un rouleau se formait, impressionnant. En quelques secondes, il déferla…
A cet instant, elle se retourna et me fit face : « Tu as vu, Marilou ? La mer a mangé mon château. J’en construirai un autre, demain peut-être ». Muette et admirative devant tant d’obstination, je ne sus que répondre.
Contre toute attente et avant que je fasse le moindre geste, elle se mit à siffler avec deux doigts dans la bouche. Sirocco dressa les oreilles, hennit et courut vers elle. Impuissante, je la vis sauter lestement sur la croupe de mon cheval et s’élancer vers les flots.
Tous deux se mirent à rythmer le va-et-vient des vagues, ivres et insouciants. Puissants, comme un défi, vivants, comme l’espoir.
Contre vents et marées, ils dansaient…
Cette petite fille me rappelle la mienne qui aime aussi les châteaux de sable et les chevaux et au delà la petite fille que nous sommes heureusement toujours malgré les apparences de la maturité et des châteaux de sable en Espagne, on en construit tous les jours sans s’en rendre compte malgré l’adversité et tout ce qui veut briser les rêves d’enfants. Ce texte m’a beaucoup ému, merci à toi, bisous
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Toutes les petites filles se ressemblent un peu. Et avec les années, rien ne change beaucoup, finalement. La seule différence est la conscience d’être ce que nous sommes. Bizz…
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Une amazone qui devrait plaire à Jonas qui sait qu’il n’y pas de château qui ne se reconstruise. Dresser demeure sur le sable est le propre de nous, faire, défaire, refaire, par vents et par marées.
Jonas
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Faire, défaire et refaire, c’est peut-être ça, être vivant ! Et puis, c’est bien connu, les amazones se battent jusqu’au bout. Ce n’est pas Jonas qui me contredira ?…;)
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Fascinée moi-aussi – c’est très beau
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Merci (je rougis mais je ne connais pas le smiley qui va avec 🙂 )
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une belle rencontre, une scène à la frontière de l’onirique, si bien écrite !
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Toujours la même rencontre…Merci Emma.
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C’est l’enfance, et c’est toute la vie : savoir toujours recommencer comme si on commençait.
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Oui, chaque matin est une victoire, chaque jour un défi…
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Dompter les chevaux, mais pas la mer, c’est dans l’ordre des choses 🙂
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Dompter un cheval ? Hum…en apparence certainement. Disons qu’il accepte d’être « dompté ».
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beau ! je suis à chaque fois émue de te lire et c’est sincère.
Merci, Louve (et Marilou)
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Cela me touche beaucoup Mony. Merci à toi pour ta fidélité.
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toujours de si beaux récits!Bises,Jean-Pierre
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Merci Jean-Pierre pour ton appréciation. Bises.
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Bonjour Louv’
Après bien des soucis, je viens faire un petit tour chez Toi.
L’ambiance que j’y retrouve m’éloigne du quotidien, et j’aime beaucoup cette histoire
Bisous tout plein
Celie
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C’est pour m’éloigner du quotidien que j’écris ce genre d’histoire…Bisous Célie.
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Cette planète Opalie est toujours bien fréquentée et cette petite en est un petit ange de légèreté et de liberté absolue. Bon week end, Bises Dan
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Liberté absolue…une utopie. Mais on peut toujours en rêver…Bon week-end Dan, bises.
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Je lis ce texte comme je me laisse absorber par un rêve. L’essence de l’enfant est là. Oui, bien vivante !
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L’enfant en nous, vivant, toujours. Envers et contre tout.
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Je suis heureuse de la retrouver, cette petite fille si forte. Souhaitons lui de ne pas grandir trop vite et de garder encore longtemps cette insouciance qui lui donne tant de volonté.
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Une insouciance apparente sans doute. Mais de la volonté, sûrement !
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