A l’abri dans ma bulle, je me souciais peu à l’époque de ce qui se passait dans le monde. Plus préoccupée de musique et de fringues que de phénomènes de société, je ne vis pas arriver la fin du rêve.
Je remarquai cependant quelques changements dans l’attitude générale. Le mouvement hippie battait son plein et peu à peu, envahit totalement le coeur de Londres. Les grands rassemblements de Woodstock et de l’île de Wight, l’influence des sectes, les pseudo-gourous, les drogues en tous genre, eurent tôt fait d’assassiner l’insouciance de la génération Pop.
A Hyde Park, des corps avachis et dénudés envahirent les pelouses. Au son de tambourins et de clochettes, des moines bouddhistes dansaient pieds nus dans les rues. Je croisais de plus en plus de regards vides et « Hare Krishna » avait remplacé « The beat goes on »…
D’étranges copies de Jésus Christ m’offraient régulièrement des « trips ». Certains réels, comme une escapade à Katmandou, mais le plus souvent rêves artificiels tout en couleurs psychédéliques, sous prétexte de me faire oublier les horreurs de la vie, la guerre au Vietnam…D’autres essayèrent de m’entrainer dans leur communauté de partage, surtout de sexe.
A ce moment, je réalisai qu’un monde s’écroulait, celui de mon adolescence. Un voile se déchira et pour la première fois je songeai à mon futur. Lucide, la tête bien accrochée sur les épaules, je repoussai toute idée d’adhésion à une quelconque idéologie utopique, fusse-t-elle dans l’air du temps. L’avenir me prouva ensuite que j’avais raison.
Un matin à la radio, je n’entendis pas « happy day ». Paul Mc Cartney annonça officiellement la séparation des Beatles. Pour moi, c’était un « bad day ». Comme la plupart de leurs fans, j’accusais Yoko Ono de sa prise de pouvoir sur John Lennon. Il s’avéra qu’en réalité il ne s’agissait que de discordes bassement matérielles. Let it be….
Le gigot à la menthe du dimanche, le filet de haddock mariné dans du lait, la dinde à la confiture de myrtille….n’avaient plus le même goût extravagant et délicieux (si si) que d’habitude. Lorsque le fog fit enfin son apparition sur les docks, lorsque Big Ben sonna étouffé, lorsque les parapluies noirs occultèrent mon diaporama multicolore, j’annonçai à Ann et Peter que je passerai le prochain Noël en Opalie…
End of story.
En Opalie, te voilà bien à l’abri. Merci de nous remémorer avec humour le temps des Beatles, des enthousiasmes et des illusions.
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une sacrée époque, la fin de l’innocence ?
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Exactement cela.
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Tout n’était pas rose, ou alors artificiellement rose. N’oublions que John Lennon a connu de très sérieux épisodes de drogues.
Toujours un bon rendu de l’époque 🙂
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Oui bien sûr, John et beaucoup d’autres. Combien de grands talents se sont éteints à coup d’over-doses ? Non, tout n’était pas rose…
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Comme Dan, je te remercie pour le trip. Pareil à lui, les cheveux longs, les bottes en daim, a Renault4, les jeans « allumette » (on dit slim aujourd’hui c’est çà ?) Nous regardons tous le miroir et nous y voyons quelqu’un derrière notre reflet, quelqu’un que nous avons connu, comme un ancien amant, une ancienne amante, qu’on aimerait contacter mais dont l’adresse a été effacée des annuaires. Bises et encore merci pour cette généreuse histoire qui m’a donné le désir de traverser à nouveau la Manche. I hope so.
Jonas
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Les pélerinages sont souvent décevants. Je n’ai jamais retrouvé cette atmosphère folle-dingue. Les lieux n’ont pas changé (à part cette grande roue ridicule qui défigure Westminster), mais les jeunes British sont désabusés et se réfugient dans la bière. Le fossé entre les deux mondes que sont la City des traders et le reste, s’écarte de plus en plus. Et la musique ne peut plus rien y faire…
Quoiqu’il en soit, let’s go to London, yes !
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J’étais toute petite à cette époque mais « Woman » me rappelle mon année de seconde et l’annonce de la mort de John dont je me souviens très bien…. Je n’ai jamais été attirée par ce qui se rapporte au mouvement hippy (ou plutôt sa descendance) mais la tristesse qui s’empare de l’époque actuelle est largement moins enthousiasmante…
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La jeune génération devient adulte trop vite. Les idéaux n’existent plus. Rien à voir avec les précédentes…C’est triste.
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Une époque que tu auras vécue de l’intérieur.
C’est bon de regarder avec toi dans le rétroviseur de notre jeunesse.
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Le choc est d’autant plus rude quand tu l’as vécue de l’intérieur. Je n’éprouve pas de nostalgie car il faut avancer, coûte que coûte. Mais il reste un arrière-goût d’amertume.
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Nostalgie… et mélancolie, le mouvement hippie a mal tourné, dommage, un peu d’amertume aussi de constater combien ces anciens poètes révolutionnaires se sont embourgeoisé par la suite…
Je t’aurais bien encore suivie un moment dans tes aventures londoniennes!
Bonne journée Louv’
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Comme je le disais à Mony, pas de nostalgie, mais une certaine mélancolie amère. La vision du monde d’aujourd’hui est certes, plus lucide, mais aussi terriblement inquiétante.
Bon week-end Almanitoo.
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Merci de si bien faire revivre l’époque ou ma barbe était plus fournie, mes cheveux plus longs. Un temps lointain où je roulais dans une vieille coccinelle rouge avec de grosses marguerites sur le capot et que j’écoutai, John Lennon, Ravi Shankar… Brassens et Ray Charles. Bises Dan
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De retour en France, j’ai connu le combi Wolkwagen décoré de fleurs, mais déjà le mouvement punk déclamait « no future »…Comme dirait Dylan « times they are a changin' »….
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