Le ciel s’est perdu dans la mer. A moins que ce soit la mer qui s’est perdue dans le ciel. Accoudée au rebord en bois poisseux et luisant de la jetée, le regard dans le flou, je me perds aussi.
Le silence fait mal aux oreilles ; seules résonnent mes pensées. Au travers l’opacité brumeuse qui m’enveloppe, se détachent quelques faibles lueurs en mouvement. Bateaux fantômes fuyant vers ailleurs.
C’est un novembre étrange que celui-ci, doux et gris comme un ventre de chaton, mélancolique comme une sonate de Chopin. Et je n’aime pas Chopin. Comme je n’aime pas la torpeur imbécile qui m’envahit.
Certains me disent « lâche-toi ». Il est difficile de libérer des mots enclavés dans une pudeur pseudo-poétique, sous peine de trahir un personnage. Difficile de franchir la barrière de l’auto-censure, sans risque d’exploser.
Tout n’est qu’eau de rose. Je pose des mots sur la toile comme on offre une boite de bonbons. Acidulés ou sucrés, qui font du bien quand il pleut.
Mais le film n’est pas terminé et on n’extermine pas les démons avec des bonbons…
Sur l’écran gris blanc de l’horizon, se profilent les mots écrits sur la première page : « puisqu’on a décidé de tout se dire, je m’appelle Marie-Louise, Marilou pour les intimes ».
Je n’avais pas encore lu, j’aime… et … quelque chose … « sursaute » …
« Mais le film n’est pas terminé et on n’extermine pas les démons avec des bonbons… »
on dirait une prémonition, là, sous-jacente, sur autre chose… Mais là c’est « bizarre/ »drôle » de le lire après coup …
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« après coup », je me suis faite la même réflexion. A tel point que j’ai failli supprimer ce texte. Les démons évoqués ne sont pas ceux que l’on connaît, bien sûr…
Merci Catherine.
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Tu as bien fait de laisser ce texte, il fait sens de toute façon 🙂
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c’est très « louvien » ces émotions nostalgiques, oniriques, et ancrées dans la culture américaine –
comment peut on ne pas aimer Chopin ? frileuse friandise de salon, sans doute, mais pas que pianiste à l’eau de rose pour dames finissantes… la souffrance à fleur de peau
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Perso, lorsque la souffrance est à fleur de peau, j’écoute du rock ! Eh oui, que veux-tu, à chacun sa manière d’exorciser les choses…
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moi aussi j’écoute du rock quand ça va mal et même quand ça va bien 🙂
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Sur le sillon du bac qui traversait le Mekong…
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Difficile pour moi d’imaginer le Mékong devant la mer du nord…Mais pourquoi pas ?
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Certes.
Mais je faisais aussi référence à l’Amant de M. Duras
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Brillant ce texte. Il y a des animaux qui sommeillent en toi, tous ne sont pas tes amis. Prends un fouet, un tabouret et fais-les rentrer dans leur cage et qu’ils n’y sortent plus. Ou fais comme moi, chevauche-les et essaie de rester en selle. Jonas
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Des animaux en cage ? Tu n’y penses pas ! Je préfère de loin les chevaucher et advienne que pourra ! 😉
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elle a un air calme et doux la jolie Marilou …
il n’y a pas que de mauvais démons, mais aussi des bons , tu ne crois pas ?
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Certainement. Quoiqu’il en soit, il faut qu’ils sortent de leur tanière !
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ouiiii libérons nos démons !!!
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Envahie par la torpeur de novembre, Il est en effet difficile de déposer des mots poétiques ou non, comme des bonbons. Et il faut vivre avec ses démons ! Bises et bonne journée, Jean-Pierre
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Novembre est en train de virer à la tempête, ça me va bien ! Bon week-end Jean-Pierre
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Alors essaie peut-être d’écrire en oubliant que tu seras lue. Joli texte en demi teinte, tout en retenue et pudeur mais je sens une rage sous-jacente, non?
(Je n’aime pas Chopin non plus!)
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Aïe aïe, encore cette foutue retenue…Bon, je vais faire remonter la rage, ok ?
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En quelques lignes, on s’évade… Merveilleux !
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Tu es bien indulgent mon cher Alain, mais merci 🙂
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