C’était l’été. Elle s’appelait Lisa.
Nous nous étions rencontrées grâce à des amis communs. Lisa était ce genre de femme dont on dit qu’elles respirent la joie de vivre. Aussi brune et charnue que je suis pâle et mince, aussi exubérante que je suis réservée, elle était mon contraire et mon soleil. Elle aimait Mozart et Nougaro. Mozart comme tout le monde, Nougaro comme moi. Lisa riait de tout, tout le temps.
Dans sa demeure de verre au sein des arbres de la vallée de la Course, les oiseaux de passage étaient nombreux. Elle les enivrait de musique et de vin gris. Et lorsque le petit jour se levait, que les autres dormaient, Lisa s’asseyait contre « son » arbre. Alors elle allumait une cigarette et fixait le néant.
Je n’osais déranger sa solitude. Pourtant, un jour ce fut elle qui m’invita à la rejoindre. Elle prit un air grave et tout de go, me pria : »viens vivre ici, avec moi »…Gênée, j’invoquai des excuses bidon, l’éloignement de la ville, mes obligations professionnelles. Nous nous quittâmes comme d’habitude.
Quelques mois plus tard, c’était Noël. Lisa m’envoya une carte représentant un tableau de Modigliani sur lequel elle avait tracé une croix noire. Un lourd pressentiment m’envahit.
Un soir de janvier, une voix blanche m’apprit qu’elle avait eu un accident de voiture, grave. Au matin elle était morte.
Dans ses tiroirs secrets, on découvrit un agenda sur lequel elle notait ses rendez-vous hebdomadaires avec un psychiatre. Personne ne savait, même son compagnon de l’époque.
Dans le journal local, il fut mentionné : « un terrible et inexplicable accident survenu sur une route droite de campagne ».
C’était l’hiver, elle s’appelait Lisa.
Un double solaire pour les lunaires, voilà que renaît l’équilibre. Le psy était-il (elle) solaire ou lunaire, l’histoire ne le dira pas. Merci Martine… Bises. JP
J’aimeJ’aime
Il faudra que tu m’expliques. Moi je n’y vois rien que le trouble de l’apparence…
J’aimeJ’aime
Lisa est magnifique. Je parle au présent, elle est ce double de toi, cette contrepartie qui a simplement changé de niveau de conscience. Lisa vit toujours en toi et embaume ton âme d’un doux parfum. Elle est ton autre moi, l’extraversion de ton introversion, ou l’inverse. Et si tes pensées te la ramènent à la conscience, n’est ce pas parce qu’en ce moment, envers et contre tout, elle continue encore à te sourire?
J’aimeJ’aime
J’aime à penser que tu aies raison, André. Immortelle Lisa…
J’aimeJ’aime
Elle aimait Mozart et Nougaro… fait écho au célèbre “ Elle aimait Mozart, Bach et les Beatles… Et moi » un récit simple et linéaire qui va de A à B sans fioriture ni lyrisme, la vie la mort, c’est ainsi, Gone with the wind
J’aimeJ’aime
J’aime beaucoup ta dernière phrase « gone with the wind ». Merci Emma
J’aimeJ’aime
non Martine ce n’est pas une histoire banale …elle est très émouvante …elle m’a peinée !
bises Mme la raconteuse
J’aimeJ’aime
C’est juste un souvenir qui est repassé hier soir, quand je ne l’attendais pas.
Bises Juliette
J’aimeJ’aime
Le destin de Lisa aurait-il été différent si la narratrice avait accéder à sa demande ? Pas sûr…
Chacun a sa part de mystère et de non-dits.
J’aimeJ’aime
Non, pas sûr, tu as raison. Les suppositions ne mènent jamais à rien de concluant. Mais elles nous compliquent la vie parfois.
A bientôt Mony !
J’aimeJ’aime
Après coup on reconnait les signes, parfois. Mais on ne peut rien faire pour ceux qui ne peuvent plus continuer. J’aime le ton pudique et délicat de ton récit, Louv’.
J’aimeJ’aime
Tu as sans doute raison. Merci pour « le ton pudique et délicat » mais la prochaine fois ce sera plus gai, promis ! A bientôt Alma.
J’aimeJ’aime
Quel bel hommage à Lisa et… A tous ceux qui savent trop bien cacher leur souffrance.
Merci pour ce partage tout en finesse, pudique et très émouvant.
J’aimeJ’aime
…et ils sont légions, n’en doutons pas. Merci pour ton appréciation.
J’aimeJ’aime
On ne connaît jamais personne. Même les plus proches. Même soi. Ton histoire est déroutante, même si le chemin de la photo est sublime. Merci pour ce moment, aussi nostalgique soit-il.
J’aimeJ’aime
Déroutante, oui. Ne pas comprendre, se dire que si on avait…Bien, c’est comme ça.
Merci Anne.
J’aimeJ’aime
Beau texte, simple et dépouillé.
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup Francis et ravie de vous croiser ici.
J’aimeJ’aime
Tes histoires et la façon de les raconter m’émeuvent à chaque fois….
J’aimeJ’aime
Les histoires vraies se racontent avec grande facilité. Il ne faut cependant pas que je plombe l’ambiance trop longtemps 😉 Merci André
J’aimeJ’aime
les personnes qui irradient à ce point cherchent certainement à camoufler leur moi secret alors qu’ils nous paraissent si légers et dégagés des tracas du quotidien que d’autres s’affichent sur le visage. Richesse et complexité de la nature humaine. Bises Dan
J’aimeJ’aime
Les extravertis ont souvent une face cachée, toute autre. Il est parfois très difficile de la déceler, d’où cette histoire vraie et triste. Bises Dan !
J’aimeJ’aime
L’imparfait du récit avec cette personne me faisait craindre quelque chose..Craintes confirmées! « Terrible et inexplicable », mots si souvent entendus…Bises et bonne journée, Jean-Pierre
J’aimeJ’aime
C’est banal cette histoire, finalement. Bonne journée Jean-Pierre, bises
J’aimeJ’aime