
« C’est véritablement utile puisque c’est joli » – Le Petit Prince – Saint Exupéry
Confinement 1er.
Ce jour-là, ce n’est pas sur la plage que je la retrouvai, la plage étant hors de mon rayon autorisé d’un kilomètre. Non, ce jour-là je marchais sans but dans cet espace vert qui mène nulle part, gardant un oeil sur ma montre afin de ne pas dépasser mon heure autorisée, une main dans la poche surveillant bien la présence du papier signé par moi qui m’autorisais à sortir.
Autorisations, interdictions, la rage au coeur, j’avançais comme un robot.
Quand une petite menotte inattendue me prit ma main libre. Sa voix fluette s’éleva vers mon visage fermé :
- tu vas où ?
- nulle part, et toi ?
- moi non plus
- tu n’es pas à la plage aujourd’hui ?
- non, c’est interdit
- et tu marches seule
- oui, j’aime bien
- tu sais que tu ne devrais pas me prendre la main
- je m’en fiche, toi et moi, c’est pareil
- tu as sans doute raison
- et que fais-tu de ton temps en ce moment ?
- j’écoute le silence
- oh…c’est bien, moi aussi d’ailleurs
- et puis je fais le tri et je jette
- le tri de quoi ?
- de ce qui est superficiel, donc superflu
- tu jettes tes jouets ?
- non, je jette tout ce qui fait mal
- tu as raison
- et toi, que fais-tu en ce moment ?
- pareil…je fais le tri
- le tri de quoi ?
- le tri des mots, les bons, les mauvais, les faux
- à quoi rêves-tu ?
- à l’essentiel
- c’est à dire ?
- à l’évasion
- tu peux t’évader dans les livres, la musique
- ma tête s’évade, mon corps est prisonnier
- où voudrais-tu te trouver en ce moment ?
- devine
- là-bas, c’est ça ?
- évidemment
- tu pourras à nouveau, un jour…
- sais-tu que, dans une autre vie, j’achetais du vent ?
- pourquoi ?
- pour offrir du rêve…
- ce n’est pas vraiment essentiel
- une vie sans rêve, c’est mourir lentement
- certains disent qu’il faut se contenter de ce que l’on possède
- heureux soient-ils
- bon, je vais te laisser maintenant
- oui petite, l’heure est passée, il te faut rentrer
- tu reviendras dis ?
- oui, puisque toi et moi c’est pareil
- alors à bientôt ?
- oui, ici ou ailleurs, dans tes rêves…ou peut-être là-bas, on the road !
Une rencontre avec soi-même est souvent essentielle pour continuer son parcours de vie, cette vie parfois si absurde mais à laquelle on se raccroche coûte que coûte. Oui, je te souhaite d’encore aller là-bas… et de nous ramener un vent plus favorable.
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Je me rencontre souvent 😉 et je dialogue avec moi-même. En général nous sommes d’accord ! Oui Mony, j’essaierai de ramener un vent favorable:)
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Le rêve est essentiel……
Tous les rêveurs se reconnaîtront dans ton texte, merci Martine !!!
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Oui, autant que boire, manger, aimer…Bon week-end Robert 🙂
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Joli.
L’enfance est le meilleur des refuges.
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Oui, notamment l’enfance en soi. Merci Alma
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