(énième édition)
Jamais je n’aurais imaginé le retrouver chaque année au même endroit, lui aussi, et pourtant. Toujours esseulé, semblant attendre je ne sais quoi, je ne sais qui…Ancré fermement face à la mer, il devait avoir bravé mille tempêtes pour être si tenace. Peut-être un peu bancal mais toujours debout, la tête dans les étoiles.
« Dr Livingstone I presume ? »
Ce fut la phrase bête qui m’était venue à l’esprit
lorsque je le rencontrai la première fois.
En approchant sa silhouette je m’étais aperçue
qu’il s’agissait d’un sapin esseulé.
Que faisait-il, posé là, oublié, abandonné ?
Probablement un sapin de trop, un qui dérange …
A moins qu’il ne fut un sapin original,
las de trôner devant une cheminée.
Alors il se serait évadé,
alors il serait allé voir la mer…
Je m’étais assise près de lui pour lui tenir compagnie
et nous nous racontâmes notre vie.
Il me conta sa forêt, je lui parlai des monts d’Ardèche.
Ensemble nous nous prîmes à rêvasser…
la mer, indifférente, continuait à valser.
Je lui dis qu’il était beau.
Il rougit de plaisir,
alluma ses lumières et fit briller son étoile.
Au loin, des gens s’aimaient,
ou faisaient semblant.
Un navire qui passait nous salua
puis disparut dans le soir.
Quelques flocons tourbillonnèrent
et vinrent mourir sur le sable.
Il était tard, on m’attendait.
Le sapin esseulé s’éteignit doucement
Et la mer, indifférente, continua à valser…
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A vous qui passez
Joyeux Noël !