Un peu à l’écart de la guinguette, il a planté son chevalet sur la berge. Les tubes de couleurs jonchent l’herbe en éventail, certains sont éventrés. L’homme porte un chapeau à larges bords et une blouse blanche tâchée. J’envie sa main qui ne tremble pas quand il appose les touches de lumière sur sa toile.
Il plisse un peu les yeux, recule de quelques centimètres puis repose son pinceau. Est-il content de lui ? Sans doute pas complètement. L’artiste n’est jamais totalement satisfait.
Les flonflons se sont tus et les danseurs se désaltèrent au vin blanc de Mâcon. Sur le fleuve miroir, une famille de canards glisse, tranquille, puis disparaît sous les branchages d’un saule. L’heure est à la plénitude.
Monet (ou était-ce Renoir ?) remballe son matériel, relève son chapeau et d’un revers de manche, s’éponge le front. Il a fait chaud aujourd’hui.
J’ai peut-être un peu trop fumé…