belle….

Le hasard fit que je me trouvai assise face à elle, en terrasse de ce café du port. C’était encore l’été en ce mois d’octobre déjanté. Elle portait une robe en coton noir dont le décolleté baillait un peu trop sur l’éclat satiné d’un morceau de peau.

Je ne sais la raison pour laquelle je ne pus détacher mon regard. Peut-être à cause de la lenteur de ses gestes, peut-être à cause de sa triste rêverie. Ou simplement parce-qu’elle commanda un verre de vin rosé.

Elle ne me voyait pas, d’ailleurs elle ne voyait personne. J’aurais voulu m’assoir à sa table, la toucher du bout des doigts, la dessiner. J’imaginai mon trait de crayon ourlant précisément la courbe de ses lèvres, la ligne pure de son nez aquilin, l’arc de ses paupières à demi-closes. Puis de mon fusain, noircir fiévreusement le désordre de sa longue chevelure.

Un rayon de soleil bas la fit se protéger le visage d’une main. Je sentis son agacement soudain et tremblai déjà qu’elle s’en aille. C’est alors que j’eus l’audace de lui sourire et à cet instant, son téléphone bipa. Elle s’empressa de lire le message.

Elle reposa l’appareil et scruta intensément la bâche bleue qui abritait la terrasse du café. Les nouvelles n’étaient pas bonnes, assurément.

Etait-ce un homme qui lui faisait mouiller les yeux ? Ou était-ce une femme ?